En janvier 1922, la pédiatre Irma Levasseur, bien connue en raison du rôle central qu’elle a joué dans la fondation de l’Hôpital Sainte-Justine à Montréal (1908), acquiert la propriété Sheyhn située au 55 Grande-Allée, en vue d’y aménager un dispensaire destiné aux soins des enfants malades de la ville de Québec. Une corporation est ensuite constituée dans le but de donner naissance au projet qu’elle chérit. Celle-ci est alors composée de dames laïques et de quelques notables de Québec. René Fortier, pédiatre, et Édouard Samson, premier orthopédiste québécois, concourront alors à dresser les grandes lignes de ce qui allait bientôt devenir l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec.
Moins d’un an plus tard, le dispensaire de l’hôpital pédiatrique ouvre ses portes aux enfants de la capitale. L’Évêché de Québec permet aux Soeurs Dominicaines d’assurer la régie interne de l’hôpital à la demande de la Corporation de l’Enfant-Jésus. L’institution dispense alors presque exclusivement des soins aux enfants pauvres et infirmes. Deux ans après l'ouverture, le Bureau médical de l’hôpital compte déjà 19 médecins. Des services de médecine générale, de pédiatrie, de chirurgie, d’orthopédie, d’odontologie et d’anesthésie sont organisés et répondent aux besoins des 440 enfants qui sont hospitalisés et traités pendant cette année.
Faisant face à un afflux croissant de clientèle, l’établissement emménage, en 1927, dans un bâtiment plus spacieux et mieux équipé. L’institution sera en mesure d’accroître significativement ses services et sa capacité d’accueil. Les soins offerts aux malades se diversifieront en l’espace de quelques années seulement : se greffent aux services existants une plus grande pouponnière, et des services d’ophtalmologie, de dermatologie et de gynécologie notamment. Le personnel médical de l’hôpital s’accroît également : on comptera bientôt 29 médecins, dont la majorité sont des spécialistes, une cinquantaine d’infirmières et une vingtaine de religieuses.
Entre 1927 et 1929, on assiste également à un élargissement de la vocation de l’établissement; d’hôpital spécialisé en soins pédiatriques, il mute en hôpital général. Aussi, l’École des infirmières s’associera aux écoles de gardes-malades affiliées à l’Université Laval. L’institution consacrera encore beaucoup de ressources et d’énergie aux soins des enfants; à preuve, au tournant des années 1950, encore 118 des 368 lits disponibles sont réservés à cette clientèle. Les années 1946 et 1947 marquent d’importantes étapes dans l’histoire de l’hôpital. La Corporation de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus cède gratuitement et par acte notarié, tous ses droits et privilèges de propriétaire ainsi que tous ses biens à la Corporation des Soeurs Dominicaines de l’Enfant-Jésus. Aussi, l’établissement est dorénavant reconnu comme hôpital universitaire. Des cours cliniques d’enseignement médical, chirurgical et pédiatrique s’y tiendront.
Sources : Chs-M. Boissonnault, 1953; De la Broquerie Fortier, 1948, 1965, 1983; M. Langlois, 1957; C. Gosselin, 1993; Commission d'enquête sur les services de santé, 1948.
Maison Joseph Sheyhn, au 55, Grande-Allée Est (bâtiment avec un drapeau sur le toit).
Source : Centre d'archives de Québec, BAnQ / Fonds Fred C. Würtele. P546, D3, P1
Hôpital de l'Enfant-Jésus, photographie publiée en 1929
Source : La garde-malade canadienne-française, II, 6, juin 1929, p. 60.