École d'industrie de l'Hospice Saint-Charles ( 02/1884-12/10/1950 )
L'école d'industrie de l'Hospice Saint-Charles, dirigée par les Soeurs du Bon-Pasteur, accueille en principe des filles orphelines, négligées, abandonnées, violentées ou encore vagabondes, selon les termes de la loi. Elles doivent y être envoyées par un magistrat, mais la loi permet au fil des ans que des parents – des services d'assistance comme la Société Saint-Vincent-de-Paul servent parfois d’intermédiaires – puissent eux-mêmes y placer leur fille. L'école d'industrie s'adresse aux filles de 6 à 14 ans environ (la limite d'âge varie selon les époques), mais certaines pensionnaires n’atteignent pas ou alors dépassent l'âge prévu par la loi. Elles sont généralement plus jeunes que celles de l'école de réforme qu’abrite aussi l’institution. Elles ont en moyenne 8 ans et 10 mois. Les religieuses sont responsables de les loger, les nourrir, les habiller et les soigner, mais aussi de les éduquer et en principe de leur apprendre un métier. À l’Hospice Saint-Charles comme dans d’autres institutions destinées aux filles, les enfants font l'apprentissage de divers travaux manuels, comme la couture, la cuisine, le repassage, le tricot, etc. Elles suivent aussi les classes du cours primaire ou complémentaire, selon leur avancement et la durée de leur placement. Plus de 5,800 filles transiteront par l'école d'industrie de l'Hospice Saint-Charles entre 1884 et 1950. À certains moments, comme dans les années 1920, où jusqu'à 380 filles séjournent dans cette école d'industrie, l'institution est vraiment encombrée. Pendant un court épisode, de 1941 à 1944, on accueillera aussi des garçons (99 au total).

La plupart des filles placées à l'Hospice Saint-Charles (école de réforme et école d'industrie comprises), d'origine canadienne-française, viennent des quartiers populaires de Québec. Prévue entre autres pour l’hébergement des orphelines, l’école d’industrie reçoit cependant une majorité de filles dont les deux parents sont vivants. Il reste que plusieurs sont affectées par la pauvreté, la négligence ou par la violence de leur milieu d'origine. L'institution emménage à Cap-Rouge, à la campagne, en 1941. À partir de ce moment, les filles sont initiées au travail de la terre. En 1950, le réseau des écoles de réforme et d'industrie du Québec est fondu dans un nouveau réseau plus « moderne », et l'école d'industrie de l'Hospice Saint-Charles devient une école de protection de la jeunesse.

Les écoles de réforme et les écoles d'industrie forment un réseau public d’institutions d’assistance et d’enfermement mises en place à partir de 1869. Les écoles qui subsistent deviennent des écoles de protection de la jeunesse en 1950. La gestion quotidienne de ces écoles est cependant confiée à des congrégations religieuses catholiques. Il n'existe pas dans la ville de Québec de service pour les jeunes anglo-protestants. Ces derniers doivent, lorsque nécessaire, être transférés dans d'autres institutions de la province. Le gouvernement provincial, l'institution d'accueil et la municipalité de résidence des jeunes sont responsables, selon des proportions variables au gré des changements apportés aux lois, des frais de pension des enfants placés, dont le montant est établi sur une base mensuelle. Les responsables de ces écoles doivent tout de même souvent recourir à la charité privée pour assurer le maintien des services.

(ABPQ; Daigle et Gilbert, 2008; Gilbert, 2006 et 2008)
 
 
Salle de couture et de repassage de l'Hospice Saint-Charles, 1929
 

Source : ABPQ, PH-D-23,1-33