École d'industrie de l'Hospice Saint-Joseph-de-la-Délivrance ( 1870-1950 )
L'école d'industrie de l'Hospice (Institut en 1949) Saint-Joseph-de-la-Délivrance, dirigée par les Soeurs de la Charité de Québec, accueille les filles à partir de 1870. Elles acceptent de se charger des garçons, dans une aile séparée, en 1883. Les pensionnaires sont en majorité d'origine canadienne-française. Avant cette date, l'absence d'une école d'industrie pour les garçons de la région de Québec faisait en sorte qu'un nombre croissant d'entre eux, jugés « en besoin de protection », devaient être envoyés dans une institution montréalaise déjà surchargée. Les garçons et les filles visés par la loi sont placés en institution par un magistrat, mais la loi permet au fil des ans que des parents – des services d'assistance comme la Société Saint-Vincent-de-Paul servent parfois d’intermédiaires – puissent y placer eux-mêmes leurs enfants. Ils doivent être, en vertu de la loi, orphelins, négligés, abandonnés, violentés ou encore vagabonds. Un grand nombre de jeunes de la région de Québec correspond à cette description puisque l'école d'industrie de l'Hospice Saint-Joseph-de-la-Délivrance est, par moments, remplie à pleine capacité. Pendant la crise économique des années 1930, plus de 600 enfants, dont l'âge moyen est de 11 ans, s'y entassent. Si la loi vise les enfants de 6-12 ou 14 ans, selon les époques, on retrouve, comme dans les autres institutions de la région de Québec, des enfants plus jeunes. On peut supposer que ce sont les jeunes frères ou les jeunes soeurs des enfants légalement placés, ou ceux dont les familles ne savent que faire.

Comme la plupart des enfants au sein de l'institution ont encore leurs deux parents, il paraît clair que les motifs de placement tiennent surtout à la pauvreté des familles, ou à ce qu’on associe alors à la négligence, voire à la violence, du milieu d'origine. Garçons et filles suivent les classes du cours primaire ou complémentaire, selon leur avancement et la durée de leur placement. Comme les garçons doivent quitter à 12 ans, la plupart suivent les classes du cours primaire. Pour les filles, s'ajoute une formation ménagère. Lorsqu’ils sont assez âgés, les garçons peuvent s'initier aux rudiments d'un métier manuel, suivant ceux offerts dans l'institution. Par ailleurs, si les lois en vigueur permettent le placement des jeunes en apprentissage à l'extérieur de l'institution, les religieuses y recourent rarement.

Les écoles d'industrie et les écoles de réforme forment un réseau public d’institutions d’assistance et d’enfermement mises en place à partir de 1869. Les écoles qui subsistent deviennent des écoles de protection de la jeunesse en 1950. La gestion quotidienne de ces écoles est cependant confiée à des congrégations religieuses catholiques. Il n'existe pas dans la ville de Québec de service pour les jeunes anglo-protestants. Ces derniers doivent, lorsque nécessaire, être transférés dans d'autres institutions de la province. Le gouvernement provincial, l'institution d'accueil et la municipalité de résidence des jeunes sont responsables, selon des proportions variables au gré des changements apportés aux lois, des frais de pension des enfants placés, dont le montant est établi sur une base mensuelle. Les responsables de ces écoles doivent tout de même souvent recourir à la charité privée pour assurer le maintien des services.

(BAN,
Rapports annuels des inspecteurs des prisons et asiles du Québec, 1869-1914, Rapports statistiques des établissements pénitenciaires du Québec, 1914-1930, Annuaires statistiques du Québec, 1930-1950; St-Pierre et al., 1998)
 
 
Couvent Notre-Dame-de-Toutes-Grâces de Lévis, 1997
 

Source : VOISINE, Nive, Yvonne WARD, s.c.q., Francine Roy et Robert ST-PIERRE. Histoire des Sœurs de la Charité de Québec, Tome II : Des maisons de charité, Beauport, MNH, 1998, p.38.