Orphelinat d'Youville (anciennement Orphelinat de la maison-mère des Sœurs de la Charité, ou Orphelinat des Glacis, ou Asile des orphelins) ( 22/08/1849-1966 )
L’Orphelinat de Québec, fondé en 1831 par des bénévoles laïques, des « dames charitables » (dames patronnesses) de la ville, pour recueillir les enfants orphelins ou sans-abris, est rapidement débordé par l’ampleur des besoins. Ce premier orphelinat de Québec est repris en 1849 par une nouvelle congrégation religieuse, les Sœurs de la Charité de Québec. Bien qu’elle s’appuie également sur le travail bénévole de ses membres, la Congrégation est régie par une organisation stricte et efficace, permettant de prolonger le service et d’en assurer la stabilité. Le nouvel orphelinat des religieuses, situé dans les locaux de la maison-mère, est également désigné comme l’Orphelinat de la maison-mère, l’Asile des orphelins ou encore l’Orphelinat des Glacis.

Dès le début, la supérieure de la Congrégation, Mère Mallet, privilégie le placement familial des enfants et leur adoption, tentant à la fois de trouver de nouveaux foyers aux orphelins et d’en contrôler le nombre au sein de l’institution. L’Orphelinat, d'abord conçu pour les enfants dont les parents sont décédés, reçoit dès les premières années et durant toute son existence un nombre croissant d'enfants « négligés ». En 1877, les religieuses y installent un ouvroir. Il s’agit d’un local où des femmes (dames patronnesses et religieuses) joignent leurs efforts pour fabriquer des vêtements et procurer des biens de première nécessité aux familles démunies de la ville. Laïques et religieuses collaborent aussi lorsqu’il s’agit de soigner les enfants malades.

La précarité du financement de l’oeuvre (les autorités publiques ne versent de l’argent que sous forme de subsides ponctuels et irréguliers) rend la situation difficile, et ces femmes (les religieuses assistées des laïques) consacrent des efforts constants pour trouver les fonds nécessaires en recourant à la charité privée. Dans les années 1880, c’est l’espace qui manque pour loger tous les enfants placés à l’orphelinat. En 1893, un nouvel immeuble est aménagé, sur quatre étages, à proximité de la maison-mère de la Congrégation. L’oeuvre devient l'Orphelinat d'Youville, une appellation qui subsiste jusqu’à sa fermeture près d’un siècle plus tard. Si l’institution accueille des enfants de toute la région, la majorité provient des quartiers centraux de Québec. Pour cette raison, les Soeurs de la Charité ouvrent, en 1907, un nouvel orphelinat dans un quartier populaire de la Basse-Ville, l’Orphelinat Saint-Sauveur. L’espace manquant à nouveau, l’Orphelinat d’Youville emménage à la campagne, à Giffard (Beauport), en 1925, dans un vaste bâtiment de six étages. Les religieuses en profitent pour fermer l'Orphelinat Nazareth qu’elles avaient institué pour accueillir les garçons, et rapatrient ceux-ci dans une aile séparée de l’institution, dans laquelle on trouve aussi une école d'industrie pour les deux sexes. L’Orphelinat d’Youville, un immense complexe avec ses jardins et bâtiments, devient, et ce pour les trente à quarante années qui suivent, une institution incontournable pour la ville et la région de Québec.

En 1948, 600 orphelins des deux sexes y vivent. À ce moment, seulement 2,8% d’entre eux sont de véritables orphelins, c’est-à-dire des enfants ayant perdu leurs deux parents, 14,8% sont orphelins de père et 19%, de mère. La majorité s’y trouve pour des motifs divers, mais qui sont reliés aux difficultés qui affectent leur milieu familial: pauvreté, maladie, négligence, violence, etc. Ce n’est qu’en 1959 que l'Orphelinat d'Youville, dont les origines remontent à plus d’un siècle, se voit reconnaître le statut d’institution d’assistance publique par les autorités de la province. Le financement devient alors plus stable, les coûts d’entretien et d’éducation pour chacun des enfants hébergés étant partagés par le gouvernement provincial, la ville de Québec et l’institution. L'Orphelinat d’Youville est également connu sous l’appellation de Mont d'Youville.

(AAQ; BAN,
Rapports annuels de l'Assistance publique du Québec, 1922-1935; Daigle et Gilbert, 2008; Sr Saint-Vincent-de-Paul, 1949; St-Pierre et al., 1998)
 
 
Orphelinat de la maison-mère des Soeurs de la Charité de Québec, 1925
 

Source : VOISINE, Nive, Yvonne WARD, s.c.q., Francine Roy et Robert ST-PIERRE. Histoire des Sœurs de la Charité de Québec,Tome II : Des maisons de charité, Beauport, MNH, 1998, p.122.