Crèche de l'Hôtel-Dieu-du-Sacré-Cœur-de-Jésus ( 07/09/1873-1929 )
Cette crèche, un terme utilisé dans la province de Québec pour désigner les orphelinats pour très jeunes enfants, est fondée à la demande des autorités ecclésiastiques de Québec. Depuis la fermeture de l'Oeuvre des enfants trouvés de l'Hôtel-Dieu de Québec en 1845, la ville ne compte plus aucun service pour ces catégories d'enfants, traditionnellement à charge du roi ou des pouvoirs publics. La mission de la nouvelle Crèche de l'Hôtel-Dieu-du-Sacré-Cœur, qui remplace, en quelque sorte, l'Oeuvre des enfants trouvés, est de recueillir les enfants « trouvés » et les « illégitimes », et de voir à leur placement en foyer nourricier.

Le nombre important et le flot constant d'enfants abandonnés qui sont confiés à l'institution rendent la situation fort difficile. En 1896, dans la salle des enfants « trouvés », seulement 15% des bébés survivent au delà d'un an. Les religieuses invoquent un manque criant de personnel et de moyens. Le recrutement est ardu, car elles n'ont guère de ressources financières. Le personnel se compose essentiellement de religieuses, assistées par des bénévoles laïques. Le ratio est d'environ 12 enfants par religieuse ou par travailleuse bénévole. On tente dans la mesure du possible de placer les enfants à la campagne pour des frais de pension de 3$ par mois. Les religieuses en arrivent à la conclusion qu’elles ne peuvent plus continuer, surtout que les enfants nés à l’Oeuvre de la Miséricorde, de plus en plus nombreux, leur sont transférés. Il faudra que les Soeurs du Bon-Pasteur ouvrent leur propre crèche en 1901, l'Hospice Bethléem (qui prendra ensuite le nom de Crèche Saint-Vincent-de-Paul), destinée aux bébés des « filles-mères » qu’elles hébergent, pour que l’affluence à la Crèche de l'Hôtel-Dieu-du-Sacré-Coeur diminue.

L'Hôtel-Dieu-du-Sacré-Coeur-de-Jésus et sa Crèche sont reconnus comme institutions d'Assistance publique en novembre 1921, ce qui leur assure une base de financement stable, bien qu'insuffisant, selon le nombre d'enfants hébergés. Dans les années 1920 et 1930, des octrois « spéciaux » et ponctuels de l'ordre de 3,000$ et parfois jusqu'à 5,000$ leur sont accordés pour défrayer des dépenses plus importantes, comme des frais de réparation ou d'entretien.

En 1929, lorsque l'Hospice de la Miséricorde pour « filles-mères » rejoint le site de la Crèche Saint-Vincent-de-Paul dans le quartier Saint-Sacrement, les Hospitalières de la Miséricorde de Jésus transfèrent tous les enfants à leur charge chez les Soeurs du Bon-Pasteur et ferment les portes de leur crèche. Celles-ci reçoivent d'un coup 131 nouveaux enfants et se retrouvent responsables d’un total de 749 enfants de 0 à 6 ans. Les Sœurs du Bon-Pasteur s’occupent alors de la seule institution de ce type dans la ville de Québec.

(AAQ; ABP; BAN,
Rapports de l'Assistance publique du Québec, 1922-1935)
 
 
L'Hôtel-Dieu-du-Sacré-Cœur, c. 1905.
 

Source : AVQ, N 019688