Assistance maternelle de Québec ( 1916-1965 )
La création de l'Assistance maternelle de Québec en 1916 tient à l'initiative d'un regroupement de « dames patronnesses » de la bourgeoisie de la ville. On y retrouve notamment l'épouse du premier ministre Lomer Gouin. Alors que les « filles-mères » ont à leur disposition l’Oeuvre de la Miséricorde, il n’existe à Québec aucun service d'assistance lors de l'accouchement pour les mères de familles pauvres. Prenant conscience de cette lacune, les dames patronnesses s'organisent pour que les femmes, mariées mais incapables d'assumer les frais médicaux, ne soient plus laissées pour compte. Elles reprennent le modèle de l'Assistance maternelle de Montréal, en fonction depuis 1912. Elles obtiennent l'adhésion d'un médecin à leur projet, le Dr Paul Marceau, puis visitent les mères de familles pauvres dans les quartiers centraux.

Elles estiment nécessaire, en plus de procurer les services d'un médecin lors de l'accouchement, d'offrir à ces épouses de journaliers, pour la plupart, une certaine assistance matérielle (layettes pour leur bébé, nourriture, etc.). Si leur objectif est d'abord de réduire la mortalité infantile qui fait des ravages dans la ville, elles se préoccupent aussi des conditions dans lesquelles vivent plusieurs mères de famille et leurs enfants. À partir d'un local central, elles organisent des cliniques de consultations prénatales dans les paroisses, à commencer par Saint-Roch en 1921. Sur le terrain, les réactions sont partagées: si le Comité paroissial Saint-Jean-Baptiste réclame son affiliation à l'oeuvre, ceux des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur refusent d'y adhérer, argumentant que les organisations locales suffisent. En règle générale, les femmes donnent naissance à domicile, mais l'accouchement à l'hôpital gagne du terrain. Au milieu des années 1950 (comme en témoigne le tableau joint), la majorité des mères bénéficiant de cette assistance se présentent à l'hôpital. Trois hôpitaux les accueillent à Québec à cette époque: l'Hôpital de la Miséricorde, l'Hôpital Notre-Dame-de-la-Recouvrance, tous deux dirigés par les Soeurs du Bon-Pasteur, et l'Hôpital Saint-Joseph.

L'Assistance maternelle, fondée sur l'initiative bénévole de femmes laïques, accepte la proposition d'affiliation faite par le Conseil central des oeuvres du diocèse de Québec en 1946 pour s'assurer d'un financement plus stable. Elle se réorganise à ce moment en faisant appel à des professionnelles du travail social. Ce service fait figure de parent pauvre dans l’ensemble des services consacrés à la maternité et à la petite enfance. En 1920 par exemple, les dirigeantes ne reçoivent que 500$ de la ville de Québec, alors que la Crèche Saint-Vincent-de-Paul en reçoit 3,000$, les Gouttes de Lait, 3,500$ et la Crèche de l'Hôtel-Dieu-du-Sacré-Coeur-de-Jésus, 4,000$. Reconnue comme institution d'Assistance publique en 1922, l'Assistance maternelle de Québec reçoit une source de financement supplémentaire stable en vertu de la loi provinciale, suivant le nombre de femmes assistées. Cependant, cette comparaison donne à penser que les pouvoirs publics ont privilégié, dans la lutte contre la mortalité infantile, les services aux jeunes enfants plutôt qu'à leurs mères. En 1965, la ville de Québec incorpore ce service pour mettre en place son propre réseau d'assistance à l'enfance et à la maternité.

Par ailleurs, dans le domaine des services aux mères de familles pauvres, la ville de Québec suit la tendance observée à l'échelle occidentale. La ville de New York, par exemple, se dote d'un service d'Assistance maternelle en 1918.

(BAN,
Rapports annuels de l'Assistance publique du Québec, 1922-1935; Rapports annuels de l'Assistance maternelle de Québec, 1952-1958; Jolin-Gignac, 2003; Verret, 1949)
 
 
Profil et clientèle de l'Assistance maternelle de Québec, 1947-1958
 

Source : Rapports annuels de l'Assistance maternelle de Québec, 1952-1958