Service familial de Québec ( 15/04/1943-1971 )
Après la Première Guerre mondiale, dans la ville de Québec comme ailleurs dans la province, tout le système d’assistance, privé et conçu sur le modèle de la « charité organisée », est en crise. Les octrois ponctuels, aléatoires et insuffisants du gouvernement provincial et de l’administration municipale ne suffisent plus à combler les déficits accumulés par les institutions, de plus en plus endettées. Quant aux organismes d’assistance à domicile, ils parviennent difficilement à rencontrer les besoins croissants des citadins, dont plusieurs sont fraîchement arrivés de la campagne. Parmi les solutions envisagées, la concertation des efforts visant à mettre en commun des ressources et à éviter les dédoublements s’avère essentielle. Dans ce contexte, la Société Saint-Vincent-de-Paul, active depuis 1846 à Québec, inaugure, en 1922, le Secrétariat des Familles, géré par des bénévoles. C’est un pas de plus, mais la stabilité n’est guère acquise et la tâche que l’organisme s’est fixé s’avère colossale.

Le Secrétariat des familles est bientôt plongé dans les difficultés en raison de la crise économique des années 1930 et des suites de la Seconde Guerre mondiale. Les acteurs du milieu travaillent donc à un nouvel organe de centralisation des efforts. Le nouveau Service Familial pour la ville de Québec est appelé à remplir sensiblement les mêmes rôles que le Secrétariat des Familles, mais à partir de bases plus stables et en faisant appel à des professionnels des services, les travailleurs sociaux. Ses objectifs sont ambitieux: aider la famille et travailler à son relèvement moral et social, aider les individus, père, mère, enfants dont la vie est désorganisée, travailler et collaborer avec d’autres œuvres à l’amélioration des conditions morales, sociales et physiques des individus et des familles, encourager, propager, organiser et diriger l’éducation et l’entraînement au service social, secourir et réhabiliter les « filles-mères », aider au placement d’enfants dans les familles et les institutions, former toute organisation susceptible d’aider la société à atteindre son but, etc. Les autorités ecclésiastiques s’y impliquent, mettant à la tâche les premiers diplômés de l’École de Service social de l’Université Laval, de même que des citoyens intéressés à apporter leur contribution.

La fondation du Service familial marque l’avènement du service social professionnel à Québec. Il connaît un développement fulgurant, comme en témoigne le tableau joint. En 1943-1944, 1,560 personnes bénéficient des services. Ce sont 41,143 personnes qui y recourent en 1962-1963. L’absence d’un service de coordination jugé adéquat est remarqué dès les tout débuts. Le Conseil central des oeuvres de Québec (futur Centraide), fondé en 1944, vise à combler cette lacune. Le Service familial est également l’instigateur d’autres œuvres spécialisées, comme la Sauvegarde de l’Enfance pour l'adoption des enfants « illégitimes ». Il contribue de plus à la réorganisation de certains services existants, comme l’Assistance maternelle de Québec, sur des bases jugées plus efficaces. En 1947, le Service familial devient l’agence à laquelle le Département fédéral des Allocations familiales et l’Association patronale des services hospitaliers de Québec confient la surveillance des allocations familiales distribuées aux institutions pour le soin des enfants placés sous leur autorité, comme l’exige la nouvelle loi.

Le Service familial assiste des personnes de tous âges et de tous statuts. Il couvre le territoire de la ville de Québec, celui de sa banlieue nord, ainsi que de la Côte-de-Beaupré et de Charlevoix. Dans la ville de Québec, les quartiers Saint-Sauveur, Limoilou et Saint-Roch comptent le plus grand nombre d'usagers. Le financement du Service familial vient essentiellement du Conseil central des œuvres du diocèse de Québec. En 1950, un bureau de quartier s’ouvre dans Limoilou, avec la participation du Conseil Central des Œuvres. Le Service familial est finalement fondu dans ce qui devient le Centre de services sociaux (CSS) de Québec en 1971, dans le cadre des réformes des services de santé et des services sociaux. Le nouveau CSS, multi-services, est resté polyvalent, conformément à sa mission d'origine.

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Rapports annuels du Service Familial de Québec, 1955-1956, 1959-1960, 1961-1962, 1962-1963; Raymond, 1957)
 
 
Nombre de personnes assistées par le Service Familial de Québec, 1943-1963
 

Source : Rapport annuel du Service Familial de Québec, 1962-1963, p. 5