Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur de Jésus ( 1873- )
C’est en octobre 1873 que l’Hôpital du Sacré-Coeur de Jésus ouvre ses portes dans le quartier Saint-Sauveur. L’établissement, qui en viendra à porter le nom d’Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur de Jésus (1892), est sous la gouverne des Soeurs Augustines hospitalières de la Miséricorde de Jésus. Sa fondation vient répondre à deux besoins bien précis: d'une part accueillir et soigner les nouveaux-nés abandonnés de la ville de Québec, dont la plupart proviennent de l’Hospice Saint-Joseph de la Miséricorde, et d'autre part prendre en charge les épileptiques de la cité. Aussi, lors de certaines occasions, l’institution va prendre en charge des enfants et des adolescents. Enfin, un certain nombre de lits seront réservés aux soins de malades en général.

Jusqu’au tournant du vingtième siècle, l’Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur se présente comme le seul endroit de la ville qui recueille les enfants nés hors mariage ou abandonnés. Avant son ouverture, cette clientèle était en général acheminée à la Crèche des Soeurs Grises de Montréal. Lors de ses vingt-huit premières années d’opération, l’Hôtel-Dieu recevra pas moins de 5113 bébés, une donnée qui illustre à quel point l’instauration d’un tel établissement à Québec était pertinente. De ce nombre, près de 85 % décéderont peu de temps après leur arrivée, tandis que 737 (14,4%) finiront par être adoptés, placés en foyer nourricier ou alors en institution.

Au début des années 1880, l’administration de l’Hôtel-Dieu envisage de bâtir une garderie de jour ainsi qu’une maternité. Les deux projets seront acceptés, mais aucun n’aboutira en raison de coûts trop élevés. Un peu plus d’une décennie plus tard, soit en 1894, les docteurs Arthur Vallée et Delphis Brochu, qui dispensent des leçons cliniques à l’Hôtel-Dieu aux étudiants en médecine de l’Université Laval, commencent à inclure des cours de pédiatrie à leur programme, suite à l’inauguration de la chaire de pédiatrie à l’Université Laval. Puis, trois ans plus tard, le pédiatre René Fortier, titulaire de cette chaire, offre gratuitement ses services et son expertise à l’Hôtel-Dieu, une pratique qu’il poursuivra pendant près d’une décennie.

L’afflux de nouveaux-nés envoyés à l’Hôtel-Dieu diminue considérablement après 1901. Cependant, il n’est pas rare que la salle de bébés, conçue à l’origine pour 60 berceaux, soit pleine encore. En 1927, 168 nouveaux-nés sont hospitalisés dans cet espace. L’année 1929 marque ensuite le transfert des derniers «enfants du Sacré-Coeur» à la Crèche Saint-Vincent-de-Paul, reconnue dorénavant comme le lieu d’accueil des enfants abandonnés. La crèche de l’Hôtel-Dieu ferme définitivement ses portes au mois d’octobre de la même année, après plus d’un demi-siècle d’opération. L’établissement en vient alors à se concentrer sur les cas d’épilepsie. Dans la deuxième moitié des années 1940, l’institution compte 265 lits, dont 185 pour épileptiques. De ce nombre, 42 sont réservés aux enfants. Pendant la même période, un «centre d’éducation spéciale et d’activités thérapeutiques» pour garçons et filles aux prises avec la maladie est mis sur pied. Enfin, des services de médecine générale, de chirurgie et d’oto-rhino-laryngologie (ORL) sont notamment en fonction.

Sources : F. Gagnon, 1994; L’Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur de Jésus, 1946; De la Broquerie Fortier, 1965; J. Picard, 1965; Chs-M. Boissonnault, 1953; E. Boivin-Allaire, 1973.
 
 
L'Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur de Jésus de Québec
 

Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Collection numérique de cartes postales, CP 7865