École de réforme du Bon-Pasteur (puis de l'Hospice Saint-Charles) ( 14/02/1870-1921 )
L'École de réforme du Bon-Pasteur, dirigée par les religieuses du même nom, accueille en principe des filles accusées d'avoir commis divers délits. L'école de réforme vise le « redressement » des jeunes contrevenantes que l’on accuse aussi souvent d'être de mauvaises moeurs. Mais la frontière est mince, et vite franchie, entre la délinquance et le besoin d'assistance né, croit-on, de la négligence des parents ou des tuteurs. Dans cette institution, près de la moitié des jeunes filles (47%) placées entre 1887 et 1916 auraient dû se retrouver plutôt dans une école d'industrie puisqu’elles appartenaient à la catégorie des enfants abandonnés ou « sans asile ». Au total, 408 filles ont transité, à la suite d'un jugement de cour, souvent pour trois ans (34%) ou pour cinq ans (33%), dans cette institution (renommée Hospice Saint-Charles). En vertu de la loi, elles doivent être âgées entre 7 et 16 ans, mais on y retrouve des petites filles de quatre ans, comme des jeunes femmes de 19 ans. Elles ont en moyenne 10 ans et 10 mois. La grande majorité, d'origine canadienne-française, vient des quartiers populaires de Québec.

Cette oeuvre, si l'on fait exception de quelques épisodes de plus grand achalandage (1876-1882, 1890-1892), fut sous-utilisée. Entre 1893 et 1921, par exemple, il n'y a eu que 46 admissions. À l'intérieur des murs de l'établissement, les filles suivent le cours primaire et reçoivent une formation ménagère. À leur sortie, on essaie de les placer comme domestique, sans cependant qu'un véritable service de placement ne soit mis en place. Pour effectuer un certain suivi, et pour éviter que des jeunes filles fraîchement sorties de l’Hospice ne se retrouvent à la rue, les Soeurs du Bon-Pasteur fondent, en 1916, le Patronage Sainte-Geneviève. L'Hospice Saint-Charles abrite aussi, dans ses murs, une école d'industrie, en service entre 1884 et 1950, puis une école de protection de la jeunesse, entre 1950 et 1965. L’école de réforme ferme ses portes en 1921, en raison d’un manque d’effectifs.

Les écoles de réforme et les écoles d’industrie forment un réseau public d’institutions d’assistance et d’enfermement mises en place à partir de 1869. Celles qui subsistent deviennent des écoles de protection de la jeunesse en 1950. La gestion quotidienne de ces écoles est cependant confiée à des congrégations religieuses catholiques. Il n'existe pas de services similaires dans la ville de Québec pour les jeunes anglo-protestants. Ces derniers doivent, lorsque cela s’avère nécessaire, être transférés dans d'autres institutions de la province. Le gouvernement provincial, l'institution d'accueil et la municipalité de résidence des jeunes sont responsables, selon des proportions variables au gré des changements apportés aux lois, des frais de pension des enfants placés, dont le montant est établi sur une base mensuelle. Les responsables de ces écoles doivent tout de même souvent recourir à la charité privée pour assurer le maintien des services.

(ABPQ; Daigle et Gilbert, 2008; Gilbert, 2006 et 2008)
 
 
Hospice Saint-Charles, 1929
 

Source : ABPQ, fonds Résidence Saint-Charles, 300-05A-01. Album du Centenaire