Hôtel-Dieu du Précieux-Sang ( 1639- )
Ouvert en 1639, l’Hôtel-Dieu de Québec est le premier hôpital de la Nouvelle-France. Situé sur la rue Côte du Palais, il est dirigé par les Augustines hospitalières de la Miséricorde de Jésus. Bien que sa mission principale soit d’offrir des soins aux malades, au tournant du XIXe siècle, l’institution, non sans réticences, prendra également en charge le placement des enfants abandonnés. Cette responsabilité lui incombera jusqu’en 1845 alors que le gouvernement cessera de la subventionner pour ce service. Les enfants qui sont accueillis à l’Hôtel-Dieu pendant ce demi-siècle sont rapidement transférés vers l’orphelinat des Soeurs Grises, à Montréal. L’établissement de soins sert également de lieu d’enseignement de la médecine, tout comme l’Hôpital de la Marine à l'époque. Affilié à la faculté de médecine de l’Université Laval à partir de 1855, on y dispense entre autres des cliniques d’accouchements, de gynécologie et des maladies des enfants.

La première décennie du vingtième siècle s'y présente comme un tournant en matière de pédiatrie. En 1903, l’établissement ajoute une section pédiatrique au dispensaire des pauvres situé au sous-sol du pavillon d’Aiguillon. Le pédiatre René Fortier se voit alors confier la tâche d’y enseigner des cours pratiques de pédiatrie, avant de devenir chef de service de ce secteur en 1905. Deux ans plus tard, soit en 1907, les Augustines convertissent l’ancien dortoir des novices, situé dans le pavillon d’Aiguillon, en département réservé aux soins des enfants: dix-huit lits leur sont alors destinés. L’accès à ce département est limité aux garçons âgés de quatre à sept ans, ou aux filles âgées de quatre à douze ans.

Par la suite, l’Hôtel-Dieu de Québec mise moins que les autres grands hôpitaux sur le développement de la pédiatrie et de l’obstétrique. Ce dernier service n’est en effet pas encore organisé en 1939, à la différence des autres hôpitaux généraux publics de la ville. En ce qui a trait aux lits pédiatriques, l’Hôtel-Dieu, à la fin des années 1930, réserve moins de 10 % de ses places aux enfants, tandis que les autres grands hôpitaux généraux, mis à part l’Hôpital Jeffery Hale, destinent au moins 17 % de leurs lits à cette clientèle. Cet écart se nivellera cependant dans les années 1940, alors que seul l’Hôpital de l’Enfant-Jésus conservera un pourcentage de lits pédiatriques supérieur à 10 %. Ainsi, si l’Hôtel-Dieu de Québec développe un nombre important de services en plus de devenir un espace d’enseignement et de recherche, l’établissement ne cherche pas à s’inscrire en tant que chef de file en matière de pédiatrie et d’obstétrique.

Sources : F. Gagnon, 1994; F. Rousseau, 1989 et 1994; J. Picard, 1965 ; De la Broquerie Fortier, 1965 et 1983.
 
 
Vue à vol d'oiseau de l'Hôtel-Dieu de Québec
 

Source : L'opinion publique, Vol. 8, no. 35, pp. 411 (30 août 1877). BANQ, collection numérique Revues d'un autre siècle, no 3551

Hôtel-Dieu du Précieux-Sang vers 1900
 

Source : Jules-Ernest Livernois / Bibliothèque et Archives Canada / PA-023992