Ladie's Protestant Home ( 02/02/1859-1989 )
En 1857, un groupe de « dames patronnesses » fonde la Ladie's Quebec Protestant Relief Society, dans le but de secourir les familles en difficulté, les sans-abri et les enfants abandonnés de la communauté anglo-protestante. Cette oeuvre s’apparente à celle de la Société Saint-Vincent-de-Paul pour la communauté catholique, dans la mesure où la Ladie's Quebec Protestant Relief Society fait des visites à domicile et distribue aux familles, lorsque nécessaire, de la nourriture, des vêtements, du bois ou encore de l'argent (105 familles recevaient ainsi de l’aide en 1857-1858).

Le 4 mai 1859, la Ladie's Quebec Protestant Relief Society s'incorpore et achète une maison qu'elle nomme la Ladie’s Protestant Home. Cette résidence accueille temporairement des femmes et des jeunes filles en difficulté de toutes les confessions protestantes de la ville et de la région de Québec, notamment les domestiques, les immigrantes et les femmes abandonnées par leurs maris. Les dirigeantes refusent par contre celles de caractère « immoral » ou qui sont considérées « perdues », estimant que la maison n'est pas une oeuvre de réforme. À partir de 1859, la Ladie’s Protestant Home diminue les services aux familles, les réservant, en hiver seulement, aux seules familles déjà secourues par leur Église respective, et à qui elle offre un complément lorsque l’aide apportée s’avère insuffisante.

Une « matrone » est en charge de la maison, accompagnée d'une infirmière et de bénévoles (dames patronnesses) qui se relaient à chaque mois. L'oeuvre entretient des liens avec le Finlay Home, notamment pour le placement de garçons. Il y a même un projet de fusion, resté lettre morte. De 1921 à 1953, la Ladie's Protestant Home abrite un orphelinat. Lors de la fermeture de ce dernier, les enfants estimés “en besoin de protection” seront confiés à des familles d'accueil. La capacité de l'oeuvre est d'environ 40 personnes, adultes et enfants compris. En 1929, par exemple, 18 femmes, 17 jeunes filles et 6 autres filles séjournent dans l’institution. Elles y sont placées pour de courtes périodes. Les dirigeantes de la Ladie's Protestant Home font des démarches pour faire adopter certains enfants. Elles voient également à leur assurer une certaine instruction.

La Ladie's Protestant Home se voit reconnaître, dès la mise en vigueur de la Loi de l’Assistance publique en 1921, le statut d’institution d’Assistance publique par les autorités de la province et ce, sous deux volets: « orphelinats » et « maternités, crèches et garderies ». Le financement devient alors plus stable, les sommes allouées pour chacune des personnes hébergées, notamment les enfants, étant partagées par le gouvernement provincial, la ville de Québec et l’institution. Des familles célèbres de Québec comptent, de plus, parmi les donateurs de l’oeuvre, dont les Renfrew, des commerçants encore actifs dans la ville en 2008.

Au cours des années 1950 et 1960, la Ladie's Protestant Home devient progressivement, avec la diminution du nombre d’enfants hébergés, un foyer pour personnes âgées. La baisse de clientèle, vécue partout dans les institutions de la communauté anglophone de Québec, annonce la fin de l'oeuvre, qui subsiste pourtant jusqu’en 1989.

(ANQQ, fonds P556,
Ladie's Protestant Home; BAN, Rapports de l'Assistance publique du Québec, 1922-1935; Blair, 2005)
 
 
Ladie's Protestant Home (2008)
 

Source : Photo: La ville de Québec comme laboratoire sociohistorique, 1850-1950, CIEQ