Patronage Saint-Vincent-de-Paul ( 1861-vers 1985 )
Le Patronage Saint-Vincent-de-Paul, le premier des six patronages dirigés par les Religieux de Saint-Vincent-de-Paul dans la région de Québec et réservé aux garçons jusque dans les années 1960, provient de l'Oeuvre du patronage des écoliers pauvres, organe de la Société Saint-Vincent-de-Paul. Principale responsable de l’assistance à domicile, la Société voulait s’assurer que les enfants pauvres puissent non seulement aller à l’école, mais aussi qu'ils soient vêtus convenablement et pourvus en fournitures scolaires. L’inscription dans des écoles dirigées par les Frères des Écoles chrétiennes était offerte gratuitement aux garçons. L'Oeuvre du patronage des écoliers pauvres fondait toutefois sa propre école en 1869.

En 1884, cette oeuvre, que ne pouvait plus assumer la Société Saint-Vincent-de-Paul, est reprise par les Religieux de Saint-Vincent-de-Paul. Ceux-ci continuent de soutenir les écoliers, tout en développant un important secteur de loisirs sportifs et artistiques. Au Patro Saint-Vincent-de-Paul, les jeunes peuvent s'inscrire à des cercles d'études où ils sont amenés à réfléchir et à échanger en groupe sur divers sujets touchant la vie en société (apprentissage citoyen). Une caisse d'épargne est également prévue pour donner aux jeunes l'habitude d'économiser, alors qu’on leur apprend la valeur d'un budget jugé responsable.

Le Patronage Saint-Vincent-de-Paul offre de plus des services aux adultes (via les associations d'Anciens, pour que les garçons, devenus adultes, restent en contact avec le Patronage), aux personnes âgées et aux handicapés. Dans les années 1960, il ouvrira ses portes aux jeunes filles, comme les autres patronages de la région de Québec.

Les six patronages dirigés par les Religieux de Saint-Vincent-de-Paul, les « Patros », visent à encadrer les enfants de la région de Québec, d’abord des milieux populaires, puis de tous les milieux, pour les occuper dans leurs temps libres. Au début du XXe siècle, les autorités religieuses craignent les effets du développement rapide des villes, comme Québec, qui brisent à leur avis la cellule familiale, et offrent aux jeunes des loisirs prescrits, espérant les détourner de la danse, des bars et d’autres activités jugées malsaines. Elles craignent que, souvent laissés sans surveillance, par exemple pendant les vacances scolaires, après l’école ou pendant les jours de congé, les jeunes ne tombent dans l'oisiveté ou pire, dans la délinquance et le vice. C’est ce qui explique le développement de loisirs urbains, comme les Patros (à partir de 1884) et l'Oeuvre des Terrains de Jeux (1929). L’encadrement des jeunes, surtout des garçons, par le biais des loisirs organisés et surveillés, permet aussi, espère-t-on, de réaffirmer les valeurs traditionnelles. Cet encadrement par les loisirs favorise une prise en charge « intégrale » des jeunes, principe à la base d’une éducation catholique. Les Patros offrent ainsi, en plus des loisirs, du soutien scolaire et des éléments de formation économique, artistique, religieuse, citoyenne, etc.

(ARSVPQ; Brazeau, 1996; Gilbert, 2004; Juneau, 1866; Magnan, sd.)
 
 
La côte d'Abraham, Ed. Hamel et le patronage à Québec, 1947
 

Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, E6, S7, SS1, P35506, photo de Roland Charest