Crèche Saint-Vincent-de-Paul (ancien Hospice Bethléem) ( 02/09/1901-27/12/1972 )
Le choix d'ouvrir une nouvelle crèche, soit un orphelinat pour les enfants de moins de 6 ans, dans la ville en 1901 tient au manque criant de personnel et de moyens financiers de la Crèche de l’Hôtel-Dieu-du-Sacré-Cœur-de-Jésus. Les Soeurs du Bon-Pasteur acceptent, après mûre réflexion, l'invitation faite par l'évêque du diocèse de Québec et ouvrent leur propre crèche pour y accueillir les enfants « illégitimes » nés des « filles-mères » sous leur responsabilité. Rapidement, la nouvelle institution devient encombrée, faute d'espace suffisant. En 1908, grâce à l'achat d'un grand terrain situé en périphérie de la ville (le parc Savard sur le chemin Sainte-Foy, dans l'actuel quartier Saint-Sacrement), sa capacité passe à 752 enfants. L'institution fourmille de bébés et de jeunes enfants.

La Crèche sera presque constamment surpeuplée. Elle porte bien son surnom de « Berceauville ». En 1929, par exemple, les religieuses ont la tâche colossale de s'occuper de 749 bambins de 0 à 6 ans. Les religieuses tentent bien depuis le début de faire adopter des poupons, mais ce n'est qu'en 1930 qu'un service chargé uniquement d’adoption est institué. L'abbé Victorin Germain, bien connu à Québec, entreprend une vaste propagande en faveur de l'adoption des enfants de la Crèche, à coup de publicités dans les journaux et d'appels aux curés des paroisses pour susciter lors des sermons dominicaux la candidature de parents adoptifs. Puisqu'il importe de faire baisser les effectifs constamment renouvelés à la Crèche, le bouillant abbé tente, sans grand succès, une campagne d'éducation des moeurs pour réduire à la source le problème des naissances « illégitimes ». En 1943, le service d'adoption de la Crèche s'élargit à l'ensemble de la ville et prend le nom de Sauvegarde de l’Enfance. On ne réussit toutefois pas à placer ou à faire adopter tous les nourrissons, qui grandissent et demandent des soins. Pour faciliter le développement des enfants encore à la Crèche, les religieuses fondent, en 1925, l’Hospice des Saints-Anges de Lyster qui accueille des enfants de 3 à 6-7 ans. Une autre maison pour ces jeunes enfants est ouverte à Neuville en 1948.

La Crèche Saint-Vincent-de-Paul est reconnue comme institution d'Assistance publique en novembre 1921. Le montant des pensions mensuelles par enfant, défrayées en vertu de la Loi (financé en principe à part égales entre le gouvernement provincial, l'administration municipale et l'institution) est toutefois insuffisant. Les religieuses doivent constamment recourir à la charité privée. Afin de surmonter les difficultés consécutives à la Crise économique des années 1930, le Service de l'Assistance publique accorde quelques octrois « spéciaux », allant jusqu'à 16,000$ par année. À la fermeture de la Crèche Saint-Vincent-de-Paul en 1972, les derniers enfants sont confiés à l'orphelinat d'Youville. Entre 1901 et 1972, plus de 38,000 bébés auront transité par la Crèche.

(AAQ; ABPQ; BAN,
Rapports de l'Assistance publique du Québec, 1922-1935; Fleury-Potvin, 2006; Daigle et Gilbert, 2008)
 
 
Bonnes et chariot d'enfants, 1932
 

Source : ABPQ, PH-G-10, 28