Oeuvre Notre-Dame-du-Bon-Conseil (Service de placement de Saint-Roch) ( 1920-29/06/1976 )
La fondation d’un service de placement à l’intention des jeunes filles, nombreuses à quitter la campagne pour chercher du travail en ville après la Première Guerre mondiale, vise à les « protéger » en les encadrant dans leur démarche. L’initiative provient d’un prêtre du presbytère de Saint-Roch, l’abbé Chapleau, en 1920. Les jeunes filles, qu'elles soient orphelines, abandonnées par leurs parents, malades ou seulement sans emploi, sont accueillies à toute heure du jour. Le service s’occupe de placer des orphelines ou de trouver de « bonnes chambres et pensions » aux jeunes filles qui en font la demande. Il conseille parents et employeurs à leur sujet. Il place encore des jeunes filles malades dans les hôpitaux de la ville et d’autres, enceintes sans être mariées, à l'Hôpital de la Miséricorde (maternité pour « filles-mères » des Soeurs du Bon-Pasteur). Il arrive même parfois que des parents sollicitent ce service pour retrouver leur fille en fugue de la maison familiale.

Le Service de placement de Saint-Roch, devenu l'Oeuvre Notre-Dame-du-Bon-Conseil en 1924, prend rapidement une ampleur considérable. En 1925, 14,280 jeunes filles y viennent, soit pour obtenir une information ou pour se trouver un emploi. Pendant la crise économique des années 1930, elles sont deux fois plus nombreuses à frapper à cette porte : 27,640 en 1930 et 28,935 en 1935. Les placements en service domestique, pour la plupart, mais parfois aussi dans les manufactures, hôpitaux, presbytères, couvents, maisons de chambre, restaurants et bureaux (sténo-dactylo) des quartiers centraux de la ville grimpent en flèche pour atteindre un sommet au milieu des années 1930, puis diminuer progressivement pendant la Seconde Guerre mondiale. Par exemple, si 1,830 jeunes filles trouvent un emploi par le biais du service de placement en 1925, elles sont 4,708 en 1930, 4,520 en 1935, puis 3,975 en 1940 et 884 en 1945. Il est certain que le métier de domestique attire de moins en moins de jeunes filles à cette époque. Dès que la situation économique s’améliore et que le marché du travail offre davantage de possibilités, elles choisissent des options offrant de meilleurs salaires et davantage de liberté personnelle.

D’autres œuvres apparaissent dans le prolongement de l'Oeuvre Notre-Dame-du-Bon-Conseil, toutes dans le quartier Saint-Roch. En 1934, la Maison Sainte-Bernadette ouvre ses portes pour servir de refuge temporaire à des jeunes filles dans le besoin. En 1944, s’ajoute un restaurant, offrant des repas à prix modique, le Buffet Rouge, situé sur la rue de la Couronne, au cœur de ce quartier central. Enfin, une hôtellerie pour jeunes filles (Hôtellerie Notre-Dame) ouvre ses portes en 1946. Le financement de ce complexe d’œuvres complémentaires tient, en quelque sorte, à divers partenariats : le Service de l’Assistance publique (l'Oeuvre Notre-Dame du Bon Conseil se voit octroyer le statut d’institution d'assistance publique en 1930), la ville de Québec, la Cour du Recorder (les jeunes filles sanctionnées pour divers délits), l’Action catholique et des associations offrant une partie de leur quête, comme les Filles d’Isabelle et les Chevaliers de Colomb.

Les jeunes filles, âgées pour la plupart de 15 à 25 ans, sont logées et nourries au meilleur coût. L’Œuvre vient parfois en aide à des femmes plus âgées, mariées ou non, mais sans domicile. De 1925 à 1946, quelques religieuses de la Congrégation des Soeurs de la Charité de Québec viennent en aide dans la gestion quotidienne de l’institution (portières, cuisinières, etc.), en plus d’en assumer conjointement la direction à compter de 1930. Elles se retirent en 1946 en raison de l'évolution des services de l'Oeuvre, qui ne cadrent plus, estiment-elles, avec leur vocation religieuse.

(AAQ; BAN,
Rapports annuels de l'Assistance publique du Québec, 1922-1935; Daigle et Gilbert, 2008; Reid, 1948)
 
 
Œuvre Notre-Dame-du-Bon-Conseil, 1934
 

Source : Archives de l'Archidiocèse de Québec, fonds Oeuvre Notre-Dame-du-Bon-Conseil