La Société Saint-Vincent-de-Paul (SSVP), une organisation internationale composée de bénévoles laïques catholiques impliqués dans les œuvres de charité, fonde une première conférence canadienne, en 1846, dans la ville de Québec. Dès ses débuts, la SSVP de Québec se consacre à deux types d’activités: la visite des familles pauvres à domicile et l’éducation des enfants dans le besoin. L’Oeuvre du patronage des écoliers pauvres se chargera bientôt du volet éducatif pour les garçons de la ville, qu’il faut d’abord vêtir convenablement et munir des fournitures nécessaires à leur instruction. La Société, organisée sous la forme de conférences dans les principaux quartiers et secteurs de la ville, assume les coûts d’éducation de certains enfants dans les écoles dirigées par les Frères des Écoles chrétiennes. L'Oeuvre du patronage des écoliers pauvres, organe de la SSVP, ouvre même sa propre école en 1869. Cette école est ensuite confiée, en 1884, aux Religieux de Saint-Vincent-de-Paul (une congrégation religieuse distincte de la SSVP), qui en feront le Patronage Saint-Vincent-de-Paul.
Les conférences de la SSVP quadrillent bientôt la ville (plusieurs même dans certaines paroisses des quartiers populaires) pour assister les familles pauvres, démunies de ressources et de biens matériels indispensables. Aux aliments d’abord distribués s’ajoutent des vêtements, des chaussures, du bois de chauffage et autres combustibles, des remèdes, etc. Le tableau joint, une liste des vivres à donner selon la situation des familles assistées pour la conférence Saint-Joseph, dans le quartier Saint-Roch, en 1847, donne une idée de l’ampleur de la pauvreté dans la ville.
La SSVP entretient des liens de collaboration avec plusieurs œuvres d’assistance dans la ville, notamment avec les gouttes de lait. Lorsque les messieurs de l’œuvre visitent les familles pauvres, une condition posée pour obtenir de l’assistance, et constatent les difficultés des mères et des nourrissons, ils les réfèrent aux dames patronnesses en charge de cette association. La SSVP est à l’origine d’autres œuvres, tel le Secrétariat des familles en 1922, une agence bénévole de services chargée de coordonner toute l’assistance aux familles de la ville. La première agence de service social professionnel, fondée en 1943, le Service familial de Québec, prendra le relais du Secrétariat des familles. À l’initiative de la SSVP, ce dernier aura placé dans les diverses institutions de Québec, en fonction des problèmes rencontrés par les familles et des ressources dans la ville, quantité d’enfants, mais aussi des vieillards et des personnes malades.
La SSVP se voit reconnaître le statut d’institution d’assistance publique par les autorités de la province en 1931. Si son financement devient alors plus stable, la crise économique des années 1930, en précipitant dans la misère un grand nombre de familles démunies de la ville, force la Société à faire des choix parfois difficiles. Par exemple, elle ne peut plus assumer les coûts du lait donné pour les nourrissons par l’Association québécoise de la goutte de lait. Elle doit également se désister, en 1933, de la distribution des secours directs, une responsabilité confiée par les autorités de la ville en 1931, mais devenue trop lourde pour une organisation de bénévoles.
(ANQQ, fonds P437, Société Saint-Vincent-de-Paul; BAN, Rapports annuels de l'Assistance publique du Québec, 1922-1935; Cantin, 1946; Lévesque, 1967; Michaud, 1946)
Classification de l'aide alimentaire aux familles, Conférence Saint-Joseph, 1847
Source : ANQQ, fonds P437, Société Saint-Vincent-de-Paul, boite 108, Procès-verbaux de la conférence Saint-Joseph
